Un mélange d’excitation, de stress, d’anticipation de futurs problèmes et une énergie nouvelle nous a pris, quand nous nous sommes engagés dans ce long tunnel.

Des panneaux lumineux en espagnol nous indiquent que de l’autre côté le temps n’est pas meilleur, la neige a fondu et le sol est mouillé. Danger donc.

Qu’il est long ce tunnel, on en voit pas le bout. Enorha s’est réveillée de sa courte sieste, elle regarde avec les yeux d’enfant que j’aimerai toujours avoir, ce long gouffre illuminé dans lequel notre camping-car est lancé, à petite allure.

La tension est malheureusement palpable au sein de la famille. Nous avons fait le choix de rouler presque non stop, les températures positives et le soleil nous appellent, alors au diable la fatigue, nous serons bientôt en Espagne !

Je tente d’énumérer ce que nous aurions pu oublier, pour être dans la légalité ici. Oui ça peut paraître bête, mais c’est quelque chose qui nous angoisse pas mal. Nouveaux gilets réfléchissants, triangles et set d’ampoules. Tout est là, on retient notre souffle et on sort du tunnel.

Les montagnes sont toujours là, la neige aussi, seule la signalisation est différente. C’est finalement si facile ! Notre seul but maintenant est de trouver un endroit pour la nuit, et là nous ne ferons pas les foufous, ce sera une aire balisée.

Bon là, on se sent un peu arnaqué, on vient chercher le soleil et c’est la neige qui nous accueille. Devoir passer par des paysages enneigés pour retrouver la chaleur, c’est plutôt rigolo !

Alors on roule, Ronan fatigue, j’avais promis de conduire mais j’ai peur de m’y perdre, les routes ne sont pas très différentes, mais avoir entre mes mains les vies de ceux que j’aime, c’est un peu trop pour moi. Surtout que certains panneaux sont un peu mystérieux pour nous.

Les filles râlent, elles veulent de la neige, mais nous on sait que le camping-car n’est vraiment pas fait pour ça, pis mettre les chaînes, là on est pas super motivés.

Alors on roule, encore, les paysages changent tellement, fini la neige, voici les grosses structures d’élevage de bovins, « maman ça sent le caca ! », oui on sait on continue, ça va passer.

La faim nous tenaille (j’en rajoute à peine), je sors l’appli magique! Un grand parking d’un restaurant fera bien l’affaire et puis il y a des jeux pour enfants, tout le monde est ravi.

La suite de notre route nous mènera dans les nuages, ou presque, le ciel est si beau et nous réchauffe le cœur, on y est presque, on le sent, le début de notre séjour touche à son but.

Le village d’El Cattlar sera notre premier lieu de repos, le premier endroit où nous sortons, où ça y est, nous nous rendons compte que nous ne sommes plus en France.

Une aire de jeux, des enfants qui crient en espagnol, une fête d’anniversaire s’installe, des guirlandes et des gâteaux arrivent. C’est assez amusant de se dire que tant que nous ne parlons pas, personne ne sait que nous ne sommes pas d’ici. Que nous ne sommes que de passage. C’est un sentiment que j’avais oublié.

Quel bonheur d’être dans la totale découverte, j’appréhendais de quitter nos frontières, oui c’est bizarre, mais voyager en France est finalement très confortable. Nous sortons de notre zone de confort et encore, nous ne sommes pas encore allés faire les courses et n’avons pas encore du aller nous frotter aux locaux.

En plus, tout le monde compte sur moi pour communiquer, mais mon espagnol est bien loin dans mes souvenirs, il va falloir s’y remettre !

Depuis hier nous nous reposons vraiment. La plage est accueillante, surtout qu’en France nous n’avons jamais pu nous garer aussi près. Le ballet des bateaux au port d’à côté berce nos jours et nos nuits.

Les filles tricotent, jouent, se disputent, quant à moi j’ai trouvé un nouveau spot pour travailler, le siège passager devant, ma petite bulle à moi.

Vivement les jours prochains, la lumière ici est dingue, je n’avais jamais vu ça, si chaleureuse et douce, enveloppante et agréable. Les oiseaux sont là par milliers, j’ai hâte de vous faire découvrir cela au jour le jour. Alors ne vous éloignez pas trop 😉