Bienvenue dans une nouvelle catégorie du blog. Elle me tient énormément à cœur et cela fait un moment que j’y pense.

Dans cette belle histoire qu’est Kangooroule, nous avons fait la connaissance de belles personnes. Des entrepreneuses passionnées, des mamans qui ont tout plaqué pour créer leur entreprise. Travailler de chez soit, avec souvent un bébé dans les bras et une tasse de café posée pas loin de l’ordinateur, c’est un défi quotidien et un challenge incroyable.

Ces entrepreneuses, j’ai envie de vous les présenter. Tout d’abord sous forme d’articles, puis d’interviews.

Pour ouvrir cette petite porte, je souhaite vous présenter – à nouveau – Lisa, la créatrice qui se cache derrière les fabuleux vêtements en laine et soie « Le Mouton à Soie ». Lisa, à toi la parole <3

 

 

  1. Peux-tu nous raconter ton Big Bang, le début de cette idée folle qui t’a donné envie de te lancer dans l’aventure de l’entreprenariat ?

Je me rappelle très précisément le moment où l’idée m’est apparue oui, lors d’une de mes nombreuses conversations avec ma copinaute Julia. Toutes les deux fanas de laine pour ses merveilleuses propriétés thermorégulatrice et autonettoyante, on avait déjà fait le constat que rhabiller nos mômes en coton au printemps après des mois en 100% laine ne nous convenait pas du tout (les lessives quotidiennes, les odeurs désagréables…).

Du coup on achetait des sous-vêtements en laine et soie, trop grands de préférence pour que ça ne colle pas trop à la peau ; on listait les marques bio qui en proposaient, on passait beaucoup de temps à chercher des nouvelles marques mais en fait rien n’était parfait. Ce jour-là j’ai juste lancé quelque chose du genre « en fait il faudrait créer une marque, avec de vrais vêtements en laine et soie qui soient réellement faits pour l’été ».

Cette idée ne m’a plus jamais lâchée… Profiter des vertus de la laine en été, avec de jolis vêtements confectionnés dans une maille légère et aérienne, c’était le rêve absolu !! Donc en fait c’est vraiment l’idée du « produit » qui m’a guidée, pas du tout l’envie de l’entreprenariat, un univers qui m’était complètement étranger puisque j’étais professeur des écoles, en congé parental à ce moment-là.

  1. Peux-tu nous raconter les grandes étapes que tu as rencontrées dans ton projet ?

Plantons le décor : tu pars de l’idée « créer une ligne de vêtements en laine et soie, bio et fabriquée en France », tu n’y connais rien de rien, tu n’as pas le moindre contact dans le milieu de la mode, aucune base en couture, aucune notion de la gestion d’entreprise, et tu as un bébé dans les bras… faut être un peu zinzin quand même je m’en rends compte maintenant ahah ! Il y avait tout à faire : monter la chaîne de production, concevoir les modèles, monter le business plan. J’ai commencé toute seule dans mon coin ; je passais des heures et des heures sur internet à chercher de l’info.

Le point de départ du projet c’est cette merveilleuse matière, le mélange laine/soie bio, qu’on trouve beaucoup dans les sous-vêtements mais qui n’existait pas comme je le voulais, c’est-à-dire dans des vêtements confortables mais surtout élégants. Les vêtements en laine et soie n’existent qu’en mode sous-vêtements donc ils sont peu élégants et forcément moulants. J’ai commencé par chercher des fournisseurs de tissus mais je me suis vite rendu compte que je n’avais pas d’autre choix que de mettre au point ma maille rêvée moi-même. Je me suis donc mise en quête de partenaires : un fournisseur de fil, un tricoteur et un teinturier, le tout en favorisant l’éthique et le local.

En parallèle je montais le business plan. Il fallait quand même savoir si cette idée que je trouvais formidable pouvait trouver son public !! On a donc fait une étude de marché dont l’enquête a été un vif succès, ça fait du bien !

Il me fallait aussi trouver les autres maillons de la chaîne : l’atelier de confection, l’atelier de broderie, des fournisseurs pour les étiquettes, le packaging…

Chemin faisant j’ai aussi lancé la page Facebook et un blog pour commencer à rassembler la communauté autour du projet et présenter les différentes étapes.

Le choix de la styliste avec qui travailler était aussi fondamental et j’ai commencé à chercher dès le début du projet ; j’ai eu pas mal de contacts sans que jamais l’étincelle ne se produise. Ça fait partie des choses qui m’ont beaucoup inquiétée j’avoue. Jusqu’au moment où j’ai retrouvé par hasard Melissa de Valera alors qu’elle organisait une vente privée de sa propre marque, Takla Makan, juste à côté de chez moi. Nos chemins s’étaient déjà croisés de nombreuses années auparavant et ça a été une évidence absolue qu’elle serait LA styliste du Mouton à Soie. J’adore son travail, ses coupes à la fois simples et recherchées, élégantes et décontractées, et surtout le talent qu’elle a de mettre en valeurs toutes les morphologies. Au-delà de ses compétences on se retrouve aussi à fond sur les valeurs de la mode éthique. C’est une collaboration passionnante et très enrichissante, qui dépasse largement le travail de patronage.

Une fois que tout a été mis en place, j’ai choisi de lancer la marque en faisant un système de précommande sur Ulule afin d’apprécier les quantités et de moins me lancer à l’aveugle.

Entre l’étincelle de départ et l’arrivée des premiers vêtements il s’est passé deux ans : sacrée aventure !!

  1. Qui t’a aidée, épaulée et accompagnée ? Famille, CCI, couveuse…

Ma famille et mes proches avant tout. Sans leur soutien je ne me serais jamais lancée dans cette folie ! Ils m’ont encouragée et soutenue tout au long du chemin ; ceux qui le pouvaient ont investi dans l’entreprise, d’autres m’ont donné de leur temps. Je suis gâtée par mon entourage, c’est une chance inouïe.

Ensuite la confiance et l’enthousiasme de la communauté des laineuses rencontrée sur Facebook a été fondamentale ; c’est d’abord pour elles que la marque existe en fait !

Au niveau des institutions c’est à la Région Occitanie que j’ai trouvé du soutien, auprès de l’agence Régionale de l’Innovation Transferts. L’équipe a vraiment été au top. J’ai obtenu des subventions au titre de l’innovation, pour l’étude de marché et surtout pour réaliser des tests de maille. Ça m’a aidée financièrement bien sûr, mais c’était aussi important symboliquement que le projet soit reconnu innovant, intéressant, digne d’être soutenu.

  1. Quelles sont les erreurs que tu aurais voulu éviter de faire ? Qu’as-tu appris grâce à elles ?

Plus que des erreurs, il y a forcément eu des aléas lors de la naissance de cette première collection. Par exemple, malgré nos échantillons, selon les coloris, la maille nid d’abeille n’est pas ressortie de teinture avec la même épaisseur. En soi, j’aime les différents grammages, pouvant servir soit au plus chaud de la saison pour le bleu et le miel, soit au contraire par temps plus frais pour le corail et le gris. Mais cela doit être homogénéisé à la prochaine collection afin que les clients puissent savoir exactement à quoi s’attendre. Je dois aussi adapter quelques coupes avec Melissa et revoir quelques finitions avec l’atelier de confection. Et je change d’atelier de broderie, ma seule réelle déception…

  1. Peux-tu nous parler de tes journées ? Comment sont-elles rythmées ? As-tu une organisation particulière ou c’est plutôt freestyle ?

C’est freestyle même si j’aimerais que ça soit plus organisé pour cette nouvelle année ! Le rythme était jusque-là un peu donné par ma fille, mais sa rentrée à l’école va me permettre plus de régularité. Et l’expérience de la première collection me guide également. Je vais donc m’organiser de façon un peu plus stricte : gros challenge pour moi qui suis plutôt foisonnante (une façon élégante de dire bordélique, non ?)

J’ai aussi décidé de limiter au maximum le travail les week-ends ; je crois que de vrais moments de pause sont nécessaires pour être plus efficace, or c’est très difficile à faire quand on travaille pour soi.

 

 

  1. Parle-nous de ton projet/tes créations, nous voulons tout savoir ! Où peut-on les trouver ? (C’est le moment de faire ta pub :D)

La boutique est en ligne depuis quelques semaines : www.lemoutonasoie.fr avec aussi une partie blog, j’avoue avoir du mal à alimenter régulièrement le blog mais on y trouve les informations fondamentales de la démarche.

Il y a aussi une page Facebook ( https://www.facebook.com/lemoutonasoie/ ), un groupe Facebook très actif et fort sympathique ( https://www.facebook.com/groups/568695256798484/  ) et un compte Instagram (https://www.instagram.com/lemoutonasoie/).

 

Le Mouton à Soie, ce sont des vêtements en mélange 70% laine biologique et 30% soie naturelle, bios et fabriqués en France. La laine vient d’Amérique du Sud et la soie de Chine. Il n’est pas possible d’utiliser du mérinos français pour ce type de vêtements, il n’est pas assez fin et doux. Je ne suis pas en contact direct avec les producteurs, pour la quantité que je produis aujourd’hui c’est impossible. J’ai donc choisi d’acheter du fil certifié GOTS et Naturtextil IVN BEST, les labels les plus exigeants qui existent aujourd’hui dans le monde du textile.

Ensuite tout est fait en France : tricotage, teinture, confection, broderie, packaging. Je vise la certification GOTS à terme. Toute la chaine est d’ores et déjà certifiable. GOTS, ça veut dire Global Organic Textil Standards, et ce que j’aime c’est qu’ils ne s’attachent pas seulement à la planète mais ont une approche plus globale justement, en prenant en considération non seulement l’absence de pesticides mais aussi les conditions d’élevage et le traitement humain pour délivrer leurs certificats…  Or c’est fondamental pour moi de faire le mieux possible : pour la planète bien sûr, mais aussi les hommes et les animaux. La perfection n’existe pas mais je m’applique à faire au mieux. Je sais que les moutons n’ont pas subi l’horreur du mulesing, que les hommes n’ont pas été exploités, que les teintures utilisées ne feront de mal ni aux hommes qui portent les vêtements, ni à la planète. Le choix de produire au maximum en France s’inscrit aussi dans cette démarche, pas dans le côté cocorico on est les meilleurs qui a tendance à me déplaire, mais plutôt parce que ça maintient les emplois locaux et limite l’empreinte carbone.

L’originalité c’est d’avoir développé une ligne de vêtements en laine pour l’été. On a fait des tests en laboratoire : le jersey laine/soie du Mouton à Soie n’est pas plus chaud que du coton de même épaisseur, mais beaucoup plus respirant. C’est un bonheur à porter, on se sent presque nu !

Ce sont des vêtements confortables mais surtout élégants, travaillés de façon éthique dans des matières nobles, et pour toute la famille. J’insiste sur le fait que ce sont de vrais vêtements, designés avec une créatrice de talent, qui mettent en valeur toutes les silhouettes.

Pour les enfants l’accent est mis sur les vêtements évolutifs, c’est-à-dire qui peuvent s’utiliser pendant longtemps, au moins deux saisons de suite, parfois plus selon les modèles.

Nous avons développé deux mailles : un jersey et un nid d’abeille. Elles sont produites en exclusivité pour Le Mouton à Soie. Les coloris sont travaillés avec le teinturier et changeront chaque année.

Cette année il n’y aura pas de collection d’hiver, je suis trop juste en timing et il vaut mieux se concentrer sur la prochaine collection printemps/été, qui sera à nouveau proposée en précommande à l’automne, cette fois-ci en direct. Je suis impatiente de présenter les nouveaux coloris et modèles !

  1. Un conseil à donner à celles qui voudraient se lancer ?

C’est la question piège, ça ! J’imagine que ça dépend aussi du type d’entreprise que l’on crée, de son parcours etc. Pour moi ce qui a été essentiel c’est d’avoir du temps, de croire très fort, vraiment très fort, en mon projet, l’aimer à la folie, et de réussir à rebondir et m’adapter face aux multiples aléas et difficultés rencontrées. C’est merveilleux de se lancer dans une telle aventure mais c’est très dur aussi, il ne faut pas se voiler la face. Là encore je ne peux parler que de ma propre expérience. Je n’avais aucune formation, ni en couture ni en commerce ni en gestion d’entreprise, alors il me faut tout apprendre sur le tas et pas mal dans l’urgence, c’est assez intense ! En fait si… il me fallait effectivement peut-être un peu d’inconscience pour me lancer !

 

Merci Lisa pour avoir joué le jeu, bientôt d’autres portraits et interviews de mumpreneuses inspirantes ! A très vite !