Mam’preneuse

J’aime bien ce terme, mam’preneuse, ça résume plutôt bien les journées que l’on vit ici.

Se déplacer comme je peux, avec un gros ventre qui commence à peser lourd, monter les escaliers pour aller voir le stock de la boutique (en entendant Ronan râler pour que je rester assise, mais je suis un poil têtue), passer autant de temps que possible avec Enorha qui est très demandeuse et en plein dans les apprentissages cognitifs.

Et réfléchir à notre avenir, qui est étroitement lié à celui de Kangooroule.

Parce que oui, en ce moment c’est un peu le gros bazar intellectuel dans nos têtes. Je vous resitue le contexte.

Fin 2014

Fringants et plein d’idées et d’envies, nous voulions révolutionner le monde du portage (bah oui il faut bien avoir des ambitions dans la vie :p). Nous voulions sortir de notre vie bien réglée et sans surprise, pour partir à la découverte de la France, des parents porteurs et futurs porteurs et en bonus, trimballer une boutique itinérante avec nous.

Je nous revois, assis par terre à imaginer les scénarios les plus fous, construire une caravane légère et la tirer avec 2 vélos (voire une rosalie, vous savez le truc avec des roues où l’on pédale à plusieurs, le machin qui n’avance pas quoi). Ou bien juste en vélo (et puis on m’a rappelé ma grosse condition physique, ça m’a un peu calmé :p)

A chaque fois je passais un coup de fil à mes parents, qui devaient être pris entre le fou rire et l’effroi en m’entendant raconter nos délires, alors qu’on était parfaitement sérieux.

Nous avons fini par regarder les vieux camions aménagés, type 508D, un charme fou, mais alors il faut emmener la pompe à essence avec soit, ainsi qu’un mécanicien et un gros budget garage :p

Ok, on est alors passés au camping-car, moins de charme, mais une douche et des wc, ce qui peut avoir son charme aussi il faut le dire. Il nous fallait alors une TRÈS grande soute (ouais c’est moi qui ai la plus grosse :p), pour entreposer notre stock d’écharpes et de porte bébés en tous genre.

Nous en avons vu plusieurs, le vieillot avec la moquette des années 70 au mur, celui qui est posé sur cales que nous n’osons même pas essayer, celui avec une histoire bizarre qui nous fait dire « attention aux arnaques ».

Et puis nous avons trouvé notre Petit Cailloux, parfait pour nous !

S’en sont suivies 13 mois de folies douces, de rencontres merveilleuses, de chute dans le fossé, de démontage de pont dans un garage associatif, de spots magnifiques, de poings tapés dans les murs, de larmes, de joie et de tristesse, de milliers de photos, des vidéos rigolotes, de chauffage qui lâche en plein hiver et des canalisations gelées, de visites de châteaux, de camping-car en surpoids, de pigeon sauvé à Carcassonne, des heures de portage et une grossesse pour les terminer.

Le plus important était que nous étions naïfs et plein d’espoirs. Surtout par rapport à notre entreprise, c’était doux, c’était facile, c’était pas si facile vu la logistique mais nous avions occulté les mauvais côté, genre la comptabilité (rien que le mot donne des bouton, hein ?).

Et nous sommes rentrés, et il a fallu poser certaines choses. Créée simplement pour voyager, sans attente particulière, nous avons du nous demander quel avenir pour Kangooroule.

Arrêter ? Continuer ?

Je vous avoue que certains jours nous voudrions arrêter, car pour être honnêtes nous n’en vivons pas.

Mais comme nous sommes foncièrement têtus, nous nous sommes dis que ce serait dommage d’arrêter un projet avec autant d’émulation autour de lui. Alors nous avons chaussé nos chaussures de petits bonhommes naïfs, et nous sommes allés voir une comptable.

Bim boum badaboum, on s’est un peu beaucoup pris une énorme claque, comme si notre camping-car nous avait roulé dessus (et il est lourd !). Nous pensions notre commerce prospère, mais en fait pas du tout, des erreurs de gestion ont été faite (vouloir tout faire soit même est formateur mais comporte quelques risques), nous entrons dans notre 3ème année (celle qui fait mal, n’est-ce pas les entrepreneurs, surtout quand on y est pas préparé, ou peu) et des décisions doivent être prises. Pour finir, on nous conseille d’arrêter tout de suite.

Forcément, nous nous voulions découvrir les gens, leur apporter du bonheur, pas faire de la compta :p

Alors on s’est sorti les doigts (il fallait bien que je mette au moins UNE expression douteuse dans cet article), et nous travaillons jour et nuit (enfin presque, il paraît que je dois me reposer parce que je créé la vie dixit Ronan :p).

Nous enchaînons les rendez-vous. J’ai rencontré le dirigeant d’une coopérative d’activités à La Rochelle, nous sommes allés à la CCI, nous avons rendez-vous au RSI (croisez les doigts pour nous le 25/01). Et puis nous appliquons les conseils que l’on nous donne, tout en tentant de garder notre ligne de conduite, nous essayons de réduire nos charges (nous songeons à externaliser la logistique des envois), nous essayons d’avoir de beaux produits qui vous plaisent dans la boutique…

Vous vous en doutez, nous ne nous ennuyons pas. Et rien n’est gagné, certains jours je craque et je veux tout arrêter, et puis je pense à vous, que je ne veux pas décevoir, ça me donne du courage (et un peu la pression :p).

Et puis nous avons un projet, nous souhaitons repartir sur les routes, mais pour cela il faudra partir avec des bases solides, vendre le camping-car au printemps, acheter un camion plus grand, que Ronan passe son permis poids lourd et que la boutique tourne suffisamment pour nous faire vivre, car nous arrivons au bout du temps que nous nous étions donnés (la fin des aides de Ronan).

Pourquoi je vous raconte tout ça, c’est vrai quoi, je pourrais faire comme si tout allait bien et vous raconter que Kangooroule ça dépote ! Mais nous sommes partis sur un principe de transparence totale, ce projet il est avec vous et nous n’y arriverons pas sans vous.

D’ailleurs, si vous voulez nous aider, parlez de nous autour de vous, la meilleure des publicités se fait par le bouche à oreille, je sais que vous le faites pour la plupart déjà 😉

Parce que franchement, un 2ème tour, plus grand, où nous pourrions aller jusqu’en Europe, pourquoi pas rencontrer nos fournisseurs pour vous montrer l’envers du décor, une chaine youtube où on ferait des blagues pourries (ah on me dit dans l’oreillette que je dois me calmer sur les blagues nulles), avec du temps et moins de contraintes car nous n’aurions plus envois à faire, du portage du portage du portage et du partage, ce ne serait pas trop génial ?

Si hein, alors c’est parti pour Kangooroule 2.0 avec Gros Caillou !!

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